Brève histoire des lames minces
L'origine des lames minces remonte à la charnière des XVIII et XIXème siècles. Le XVIIIème est incontestablement le siècle des études de terrain, notamment dans les montagnes qui jusque là pâtissaient d'une réputation négative d'inaccessibilité, voire de territoire diabolique.
Le début du XIXème siècle marque l'origine du développement des techniques analytiques de laboratoire pour l'étude des roches et des minéraux. Jusqu'alors, les naturalistes passionnés de minéralogie décrivaient les minéraux à partir d'échantillons macroscopiques ou sous forme de petits éclats, suffisamment fins pour être observés par transparence sur un microscope.
C'est dans les années 1820 que William Nicol, Professeur de Physique à Edimbourg (Ecosse), développe des techniques ingénieuses pour confectionner des lames minces, en s'appuyant sur le savoir-faire des tailleurs de pierres précieuses. A la même époque, Brewster réalise de nombreuses préparations pour étudier des petites cavités dans les minéraux, les inclusions fluides. Brewster commence alors à rassembler une large collection d'observations dans des minéraux variés (le quartz, la topaze, la fluorite, l'olivine, l'émeraude, etc.) (Brewster, 1823 ; Brewster, 1826 ; Brewster, 1853), le béryl et la calcite (Brewster, 1848) et même le diamant (Brewster, 1835).
Les premières lames minces ont été réalisées par W. Nicol en 1831. Elles furent taillées dans un échantillon de bois fossile fourni par H. Witham.
La seconde partie du XIXème siècle est l'époque de la « géologie microscopique » (Bonin et al., 1997). Henry C. Sorby, qui a par ailleurs hérité de l'expérience des lapidaires (Eyles, 1951), a largement diffusé son savoir-faire en matière de confection de lames minces (Sorby, 1860). L'utilisation de la lame mince est alors rendue systématique et donne naissance à la pétrographie sous l'impulsion de Ferdinand Zirkel, Harry Rosenbusch, Ferdinand Fouqué et Auguste Michel-Lévy. La technique s'améliore grâce aux travaux sur l'optique cristalline.
De 1863 à 1893 sont publiées les premières synthèses qui permettent dès lors à de nombreux chercheurs d'utiliser le microscope polarisant pour les études minéralogiques et pétrographiques qui deviennent alors routinières dans les travaux géologiques.
A la suite de cette période importante, le microscope polarisant et les techniques de mesures optiques ont été largement améliorés (observations en lumière convergente, compensateur de Berek, ...).
Toutes les références sont listées dans l'article :
Dubois, M. (2003) Les grandes étapes du développement de l'étude des inclusions fluides. Travaux du Comité Français d'histoire de la Géologie, troisième série, t. XVII